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Les dérives de la vélocité

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La vélocité, souvent utilisée dans les méthodologies agiles, est un indicateur de la quantité de travail réalisé par une équipe pendant un sprint. Cet outil a pour but de donner aux équipes un repère pour planifier leurs efforts et prévoir leur capacité de livraison. Cependant, lorsque cet indicateur est mal interprété ou utilisé à mauvais escient, il peut causer plus de tort que de bien. Dans cet article, je vais expliquer pourquoi l’abus de la vélocité comme critère de performance peut nuire à la qualité des projets et au bien-être des équipes, et pourquoi il est essentiel de l’utiliser de manière saine et réfléchie.

Les dérives liées à la vélocité

Pour comprendre les dérives liées à la vélocité et éviter de les reproduire dans vos équipes, il faut d’abord revenir aux principes fondamentaux de l’agilité. L’agilité a émergé comme une réponse aux méthodes de gestion de projet traditionnelles, telles que le modèle Waterfall, qui repose sur l’idée que tout peut être planifié et prédit. En réalité, le développement logiciel est un domaine incertain, et la rigidité des plans détaillés ne fait que renforcer ce risque d’erreur. L’agilité, au contraire, repose sur l’adaptation constante aux retours des utilisateurs et la validation continue des hypothèses. Cette approche permet de minimiser le risque de créer un produit qui ne répond pas aux besoins réels (voir « Pourquoi les Coach Agiles peuvent être de bons Product Owners ? »).

C’est là que la vélocité entre en jeu. Son objectif initial est de donner une vision de la capacité d’une équipe à livrer régulièrement, avec des itérations courtes et un retour rapide des utilisateurs. Cependant, lorsque la vélocité devient un objectif en soi, plutôt qu’un simple outil de mesure, elle peut entraîner des dérives. En cherchant à augmenter cette vélocité de manière artificielle, les équipes risquent de sous-estimer leur travail ou de privilégier des tâches simples, perdant ainsi de vue l’essentiel : livrer un produit de qualité qui répond aux attentes des utilisateurs.

Les pièges de l’utilisation excessive de la vélocité

L’un des principaux pièges de la vélocité est de l’utiliser pour comparer les performances entre différentes équipes. Chaque équipe a sa propre dynamique et ses critères d’évaluation, et une telle comparaison est non seulement futile, mais elle peut aussi créer des tensions internes et nuire à la collaboration. De même, utiliser la vélocité comme un KPI individuel peut encourager la compétition au détriment de l’esprit de coopération. Cela crée une pression malsaine, qui peut mener à une surcharge de travail et à des conséquences comme le burn-out.

Mais le plus grand danger reste l’impact sur la qualité. Lorsqu’une équipe se sent poussée à augmenter sa vélocité, elle peut être tentée de réduire la qualité des livrables, en enchaînant des tâches sans prendre le temps d’assurer une véritable validation auprès des utilisateurs. Ce genre de pratique, bien que visant à améliorer les chiffres, finit par compromettre l’objectif même de l’agilité : livrer un produit adapté aux besoins réels.

Utiliser la vélocité de manière réfléchie

La solution à ces dérives réside dans une utilisation plus réfléchie de la vélocité. Il est essentiel de la considérer non pas comme un objectif, mais comme un outil pour améliorer le processus global de l’équipe. Plutôt que de comparer des équipes entre elles, il est plus pertinent d’analyser l’évolution interne de chaque équipe, de suivre son progrès et d’adapter ses méthodes pour s’améliorer. La vélocité ne doit jamais être utilisée pour juger la performance individuelle des membres d’une équipe. L’agilité repose sur la collaboration, et c’est cette dynamique qui permet de réellement avancer.

En conclusion, la vélocité, lorsqu’elle est utilisée de manière saine, reste un indicateur précieux pour les équipes agiles. Cependant, elle doit être manipulée avec précaution pour éviter de tomber dans les dérives qui peuvent nuire à la qualité des projets et à la cohésion des équipes. Pour qu’une équipe soit réellement agile, elle doit utiliser la vélocité comme un outil d’amélioration continue, sans chercher à la transformer en un but en soi. La véritable agilité réside dans l’adaptation constante et la collaboration, bien au-delà de simples indicateurs de performance.